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Chypre : Présidente de l’UE, Chypre s’éloigne de l’Europe et se tourne vers la Russie

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Alors que Chypre occupe la présidence tournante de l’Union Européenne depuis le 1er juillet, le pays s’enfonce dans une profonde crise financière. Pourtant membre de l’UE, le pays préfère solliciter l’aide financière de Moscou  pour s’en sortir.

L’étendard chypriote flotte sur les capitales européennes. Depuis son intronisation le 1er juillet, Dimitris Christofias, président communiste de Chypre, se complaît dans son trône de président tournant de l’Union Européenne. Ambitieux, voire rêveur, il voulait un mandat porteur d’espérances. L’espérance d’une sortie de crise européenne. L’espérance d’une coopération renforcée entre les Etats membres, au premier rang desquelles une homogénéité fiscale pour réduire la concurrence accrue entre les pays de l’UE. L’espérance enfin d’un règlement pacifique du différend qui scinde son île en deux parties depuis 1974, entre la partie occupée par la Turquie au Nord et la partie pro-grec au Sud. Il n’a pourtant  pas attendu le début de l’été pour déchanter.

Fin juin, il réclamait, au nom de son pays, une aide à l’Union Européenne et la Russie pour soutenir ses banques porteuses de créances grecques douteuses. Au bord de la faillite, les banques chypriotes restent exposées à hauteur de 22 milliards d’euros en crédits au secteur privé grec alors que le PIB de l’île tourne aux alentours de 17 milliards d’euros ! Par-delà les erreurs stratégiques financières des banques chypriotes engluées dans les sables mouvants grecs, il faut reconnaître les liens sacrés qui unissent la région sud de l’île à la terre de ses pères, la Grèce. Un geste financier pour une réalité géopolitique chancelante quand on sait que la Turquie caracole en tête des taux de croissance et que son nationalisme affriole les investisseurs occidentaux, tout en inquiétant les patriotes grecs. Une Grèce affaiblie contre une Turquie en état de grâce met en danger le sud de l’île de Chypre et renforce le nord, toujours occupé par la Turquie. C’est pourquoi cette aide revêt un enjeu primordial car l’affaiblissement d’une partie de l’île pourrait déboucher sur une résurgence des tensions, déjà ravivées par la découverte de gisements pétroliers au large de l’île, revendiqués par la Turquie et Chypre.

Au cœur de l’UE, Chypre ne s’en éloigna jamais autant en louchant vers la Russie. Les pourparlers avancent pour un crédit de 5 milliards d’euros aux conditions plus basses que celles accordées par l’UE. Comprenons : une solution sans réduction de la pléthorique masse salariale des fonctionnaires chypriotes, première source de dépenses.

Pourquoi la Russie ? Le Kremlin considère cette île comme un « terrain d’affaires ». De nombreux holdings russes sont basés à Chypre pour profiter du taux d’imposition sur les entreprises le plus faible d’Europe (10%). Ainsi Chypre apparaît parmi les trois principaux investisseurs étrangers en Russie! Des investissements russo-russes qui profitent à la richesse de l’Etat chypriote grâce à des investissements et un tourisme de masse mais aussi aux business sombres (blanchiment d’argent, affaires douteuses, transbordement d’armes de contrebande russes) de quelques oligarques russes. Sans nul doute, l’UE aurait remis en cause ce taux et par conséquent l’avantage compétitif que s’accorde Chypre pour survivre.

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